Thursday, 14.07.2022 - Friday, 15.07.2022 - Ziguinchor - Senegal

Conférence sous-régionale pour une meilleure implication des acteurs universitaires à la sécurité collective : cas des universités de Gambie, de Guinée-Bissau et du Sénégal

Du 14 au 15 Juillet 2022, le bureau Paix et Sécurité Centre de Compétence Afrique Subsaharienne de la Friedrich Ebert Stiftung (FES PSCC) a organisé à Ziguinchor la Conférence sous-régionale pour une meilleure implication des acteurs universitaires à la sécurité collective : cas des universités de Gambie, de Guinée-Bissau et du Sénégal. La conférence visait principalement à promouvoir une démarche inclusive par l’intégration de chercheurs universitaires Gambiens, Bissau-Guinéens et Sénégalais dans la dynamique de réflexion et de réponses aux défis sécuritaires communs pour une paix et une stabilité durables dans la sous-région. Elle a vu la participation, d’universitaires, Gambiens, Sénégalais et Bissau-Guinéens.

La Gambie, la Guinée-Bissau et le Sénégal sont liés par l’histoire, par les peuples et par leurs frontières. Cette proximité a fini de consacrer cette expression de « peuples frères ». Ainsi, si l’on examine les relations entre ces trois pays d’un point de vue géographique et sécuritaire, l’on se rend vite compte que, indépendamment de la région naturelle de la Casamance où sévit un conflit depuis près de 35 ans, différents enjeux et menaces sécuritaires existent et interagissent. Ils ont pour noms trafic de drogue, criminalité transfrontalière, prolifération des armes légères, économie criminalisée, instabilité politique, etc. En vérité, il existe une insécurité grandissante au niveau des zones transfrontalières qu’il convient clairement d’identifier et de maitriser, pour prévenir l’installation d’une instabilité chronique qui déstabiliserait ces trois pays frontaliers.

Même si au regard des faits, ces trois pays n’ont pas encore connu de conflits ouverts liés à l’extrémisme violent ou au radicalisme, il n’en demeure pas moins qu’ils restent en danger, du fait de la porosité de leurs frontières, mais surtout, des cas de violence extrême entre communautés transfrontalières, le trafic d’êtres humains, d’armes, de bois et de drogues, les vols de bétail. En effet, sur le plan social, il existe une proximité entre les communautés qui constitue une sorte de « vase communicant » ce qui fait que lorsqu’un des pays vit un conflit ou traverse une crise, ses voisins le ressentent et le vivent aussi. La dimension sous régionale et transnationale que tendent à prendre ces menaces sécuritaires, rend la coopération entre les trois états de la zone nécessaire et inéluctable pour y faire face. Ces formes d’insécurité multidimensionnelles nécessitent de nouvelles approches basées sur l’implication et la collaboration de tous les acteurs y compris ceux du monde universitaire.

C'est dans ce sens que le Bureau Paix et Sécurité Centre de Compétence de la Friedrich Ebert Stiftung a organisé cette conférence pour réfléchir sur le rôle et l’implication du monde universitaire dans la recherche de solutions aux défis sécuritaires communs au Sénégal, la Gambie et la Guinée-Bissau.

Plusieurs panels abordant des thèmes variés et complémentaires étaient prévus par la conférence :

  • Panel 1 : Etats des lieux et tableau synoptique des défis sécuritaires communs à la Gambie, la Guinée Bissau et le Sénégal.
  • Panel 2 : Rôle et contribution des acteurs universitaires à la sécurité collective dans la sous-région : Gambie, Guinée-Bissau, Sénégal
  • Panel 3 : Comment impliquer le monde universitaire dans la recherche de solutions durables face aux défis sécuritaires transfrontaliers : cas de la Gambie, de la Guinée-Bissau et du Sénégal
  • Panel 4 : Identification de pistes de collaboration entre les chercheurs des universités de Gambie, de Guinée-Bissau et du Sénégal sur les questions sécuritaires

Les échanges et discussions ont fait ressortir plusieurs constats. Entre autres constats le plus unanimement partagé par les universitaires est que, les communautés qui vivent dans les zones frontalières ne tiennent pas toujours compte des limites frontalières. Les mêmes communautés et familles vivent de part et d’autre de la même frontière. Cette facilité de déplacement des populations dans ces trois pays (Gambie, Guinée-Bissau, Sénégal) témoigne de la porosité des frontières et contribue à faciliter les déplacements des groupes armés d’un pays à l’autre et à y établir des bases arrière. Et cette possibilité de se déplacer aussi facilement de part et d’autre d’une frontière constitue un véritable atout et un terreau idéal pour le développement de l’insécurité et la criminalité transfrontalière. Ensuite, il a été noté une faible coopération entre les universités du Sud et l’abandon de la question sécuritaire aux seules forces de défense et de sécurité.

Face à de tels constats beaucoup de recommandations ont été proposées dont celle ci-après:

A court terme:

  • Développer la coopération Sud-Sud entre les universités des trois pays à travers des échanges de professeurs, des jumelages pour partager des expériences;
  • Créer des Masters et des des certifications spécialisés sur les questions de sécurité pour intéresser davantage les étudiants sur de telles questions pour en faire des spécialistes à l'avenir;
  • Organiser annuellement cette rencontre sous-régionale en intégrant les universités de Guinée-Conakry et de la Mauritanie;
  • Organiser des foras pour sensibiliser les populations sur la nécessité de s'impliquer dans la recherche endogène de solutions aux défis sécuritaires qui touchent les différents pays;
  • Démilitariser et démocratiser les questions sécuritaires et ne pas le laisser exclusivement aux forces de défense et de sécurité.

A long terme:

  • Mettre en place un institut, un think tank ou un centre de recherche regroupant les universitaires du Sénégal, de Gambie et de Guinée-Bissau pour réfléchir et conseiller les décideurs politiques sur les solutions les plus adaptées aux défis sécuritaires auxquels les différents pays font face.

Friedrich-Ebert-Stiftung
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