Thursday, 18.03.2021

Présentation de l’étude « Une boîte de Pandore. Le Burkina Faso, les milices d’autodéfense et la loi sur les VDP dans la lutte contre le jihadisme »

Le Jeudi 18 Mars 2021, le bureau Paix et Sécurité Centre de Compétence Afrique Subsaharienne de la Friedrich Ebert Stiftung (FES PSCC) a organisé une conférence virtuelle, en raison de la pandémie COVID 19, pour présenter les résultats de l’étude « Une boîte de Pandore. Le Burkina Faso, les milices d’autodéfense et la loi sur les VDP dans la lutte contre le jihadisme » réalisée par le Dr. Antonin TISSERON, chercheur associé à l'Institut Thomas More, France. Cette présentation des résultats de l’étude par l’auteure a vu la participation, d’universitaires, de chercheurs, de représentants des forces de défense et de sécurité, d’instituts de recherche, d’organisations internationales, d’organisations de la société civile et d’organisations de femmes du Burkina Faso, de la France, du Mali, du Niger, du Sénégal et du Tchad.

Les initiatives locales de sécurité sont anciennes en Afrique de l’Ouest. Au Burkina Faso, elles continuent de faire partie du paysage politico-sécuritaire après l’indépendance, impulsées par l’État, des collectivités locales ou des citoyens. La période récente a vu une très forte expansion des initiatives locales de sécurité, marquées notamment par la multiplication des groupes d’autodéfense après la chute du Président Blaise Compaoré en 2014 sous l’effet d’une augmentation du banditisme, puis des attaques des groupes jihadistes sur le territoire burkinabè. La relation entre l’État burkinabé et ces groupes d’autodéfense est un mélange de tolérance, de pragmatisme et de tentatives d’encadrement. Ainsi, les autorités burkinabè se sont dotées d’un cadre juridique destiné à règlementer l’action des Koglweogo en les intégrant dans une police de proximité. La collaboration a été notable dans plusieurs régions, notamment à l’Est, pour sécuriser le processus de transition politique de 2014-2015. Le 7 novembre 2019, à la suite de l’attaque d’un convoi minier par des jihadistes, le Président Roch Marc Christian Kaboré appelait à la mobilisation de volontaires civils pour appuyer l’État dans la lutte contre les groupes jihadistes. En Janvier 2020, les députés de l’Assemblée nationale adoptaient à l’unanimité une loi permettant le recrutement de « volontaires pour la défense de la patrie » pour aider dans la lutte contre les groupes jihadistes, appuyer les forces armées ou de protéger des localités dans lesquelles les forces de défense et de sécurité sont absentes. Cependant, le principal risque est celui de l’exacerbation des violences intercommunautaires, dans un contexte de stigmatisation de certaines communautés, de non-inclusivité des VDP et de circulation croissante d’armes de guerre. À plusieurs reprises d’ailleurs, des VDP ont été accusés d’avoir été à l’origine d’exactions contre des civils. À plus long terme, les milices ont aussi un potentiel déstabilisant, pouvant nourrir la criminalité et affaiblir l’autorité de l’État.

L’étude interroge le phénomène milicien au Burkina Faso – les milices étant entendues ici comme des acteurs armés non jihadistes reconnus ou tolérés par l’État – et les enjeux relatifs à l’opérationnalisation de la loi de janvier 2020 sur les volontaires pour la défense de la patrie, ainsi que la diversité des dynamiques locales de sécurité dans le pays et en Afrique de l’Ouest.

Cette rencontre virtuelle modérée par Dr. Sampala BALIMA, Experte internationale défense et Sécurité, conflits et migration (Burkina Faso), a eu pour objectif de présenter les résultats de l’étude aux différents acteurs pour une plus grande appropriation et vulgarisation. Les commentaires du discutant de l’étude Pr. Vincent ZAKANE, Enseignant-chercheur en Droit public/Droit international à l'Unité de Formation et de Recherche en Sciences juridiques et politiques (UFR/SJP) de l'Université de Ouaga II, (Burkina Faso) ainsi que les débats et partages d’expériences, ont permis de bien cerner les enjeux relatifs à l’opérationnalisation de la loi de janvier 2020 sur les volontaires pour la défense de la patrie au Burkina Faso et d’enrichir les recommandations de l’étude. L’étude est disponible dans la section publication du site web.

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