Depuis des années, les pays de la région sahélo-saharienne et d’Afrique de l’Ouest sont aux prises avec une succession de crises politiques, humanitaires et sécuritaires aux impacts négatifs sur la paix et le développement. Les menaces de déstabilisation dans cette région englobent un spectre étendu de facteurs économiques et sociaux (pauvreté et inégalités), des réformes constitutionnelles et politiques non satisfaites, des conflits liés à l’accès et à l’exploitation des ressources naturelles rares en raison du changement climatique, des tensions intercommunautaires, entre autres. A ces facteurs structurants s’ajoutent la faiblesse des institutions démocratiques et des forces de défense et de sécurité qui jouent parfois un rôle dysfonctionnel, une société civile affaiblie, le manque de transparence des élites qui jouissent d’une légitimité déficiente et la majorité de la population qui ne bénéficie pas des "dividendes de la paix". L’insécurité y est également alimentée par l'implantation de groupes islamistes radicaux et de la criminalité transfrontière qui est facilitée par l’immensité des territoires, la porosité des frontières les capacités limitées des États de la région, la circulation illégale des ALPC et surtout l’absence de stratégies claires au niveau national. La typologie de ces défis et menaces sécuritaires déstabilisateurs et leur transnationalité ainsi que leur rapide extension régionale appellent donc une réponse intégrée de la part des Etats d’Afrique de l’Ouest et du Sahel.
Malgré d’importants efforts pour assurer une stabilité et une paix durable au Sahel et dans la région Ouest-Africaine, force est de constater que les solutions proposées demeurent insuffisantes voire inefficaces, à ce jour. En attestent les fréquentes attaques extrémistes et criminelles avec leurs lots récurrents de pertes en vies humaines civiles et militaires, les déplacés qui ne cessent de fuir leurs villages, la résurgence des coups d’Etat (Mali, Burkina Faso, Guinée-Conakry). Ce qui a poussé en janvier 2018, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l'Afrique de l'Ouest et le Sahel, Mohamed IBN CHAMBAS, à admettre cet état de fait devant le Conseil de sécurité des Nations Unies. De même, les approches incohérentes des partenaires internationaux ont entraîné des malentendus, ce qui limite leur efficacité et diminue la volonté de résoudre collectivement les défis sécuritaires communs. Or, des approches coordonnées et collectives abordant les causes profondes des crises actuelles dans cette région sont urgentes pour répondre efficacement à des menaces sécuritaires hybrides et dynamiques. Au Sahel-Sahara et en Afrique de l’Ouest, l’enjeu réside certainement dans la communautarisation de la sécurité à savoir la possibilité d’envisager la sécurité de façon collective. Il faudra, agir avec souplesse de manière inclusive et obtenir le concours des gouvernements et de la population. Les Etats sont donc appelés à coordonner leurs actions et politiques pour combattre les groupes criminels et terroristes qui utilisent leurs territoires comme sanctuaires repères en exploitant la fragilité des institutions et en aggravant la situation sécuritaire déjà précaire dans la région. Ce qui signifie l’intégration des politiques de sécurité nationale dans une politique sahélo-sahélienne de sécurité et de défense globale pour promouvoir une meilleure sécurité collective face aux défis sécuritaires dans cette région et en Afrique de l’Ouest.
Les travaux introductifs de la conférence se sont davantage appesantis sur la nécessité de repenser les capacités de résilience et la résolution des conflits notamment en mettant l’accent sur la résolution définitive des conflits et non exclusivement sur leur règlement. Pour ce faire, les réponses doivent prendre en compte les spécificités de la zone Sahel-Sahara et de l’Afrique de l’Ouest. L’Afrique doit régler ses conflits en puisant dans ses savoirs et pratiques endogènes. Cela passe par une meilleure appropriation des concepts utilisés par les partenaires pour décrire la situation actuelle du continent. Il est également nécessaire de restaurer la confiance entre les peuples et les leaders politiques et de former les populations aux principes de la démocratie en dynamisant le dialogue politique.
P.O. Box 15 416
Point E, boulevard de l’Est villa n°30
Dakar - Fann
info(at)fes-pscc.org
www.fes-pscc.org
pscc.fes.de