22.08.2013

La série FES sur l’Impact du Crime Organisé sur la Gouvernance en Afrique de l'Ouest

Des rapports de l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) suggèrent qu'au cours de la décennie passée, des réseaux criminels transnationaux ont infiltré les régimes politiques ouest-africains jusqu'aux plus hautes sphères.

Aux moyens de la coercition et de la corruption, des éléments criminels ont réalisé d’énormes profits tout en gagnant en influence sur les organes politiques aussi bien au niveau local que national. La valeur absolue des biens et services illicites est en train de systématiquement évincer les affaires légales. Le besoin de financement des politiciens et des « partis» pour leur campagnes et pour les votes les rend dépendants des cartels – à l’instar du besoin des entreprises en capital risque. Ceux qui se comportent de manière intègre sont contraints à la connivence. En conséquence, les sociétés, qui n'avaient pas été auparavant étrangères à la corruption, deviennent de plus en plus dépendantes du financement provenant de sources criminelles.

La manière dont les choses se présentent ne laisse présager aucune réponse facile. Malgré les tentatives de plusieurs organisations d’apporter plus de transparence, les données disponibles restent limitées. Au moins, les preuves factuelles indiquent que les domaines de la gouvernance politique et économique peuvent être un point de départ pour l'élaboration de politiques. En ce qui concerne l'application de la loi, la coopération entre les gouvernements a été initiée, notamment à travers les cadres de l'Initiative Côtes de l'Afrique de l'Ouest (WACI) et du Groupe Intergouvernemental d’Action contre le Blanchiment d’Argent en Afrique de l’Ouest (GIABA). Des politiques plus globales telles que « le Plan d'Action de Praia » et « la Déclaration d'Abuja de la CEDEAO pour lutter contre les menaces posées par le trafic de drogue dans la sous- région» ou le « Plan d'action sur le Contrôle de la Drogue et la Prévention des Crimes (2013- 2017) » de l'Union Africaine ont, cependant, eu, à date, un effet limité. La Commission non gouvernementale ouest-africaine sur les drogues (WACD), récemment lancée, promet de développer un dialogue plus inclusif et de régler les questions de gouvernance au-delà de l'application de la loi.

La Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung a reconnu la nécessité de promouvoir le discours sur le crime organisé, la démocratie et la sécurité humaine, et a publié plusieurs papiers sur la question. La présente étude a été, en réalité, commanditée en 2011. L'équipe de recherche, composée d'experts issus de plusieurs sous-régions de l'Afrique de l'Ouest, avait rencontré de nombreuses difficultés pratiques à l'époque. Leur travail, cependant, présente des arguments sous-représentés comme le fait que le crime organisé est enraciné dans des systèmes économiques « dysfonctionnels et improductifs», qui peuvent être tracés ce même en retournant aux programmes d'ajustement structurel menés par les Institutions financières internationales (IFI) dans plusieurs pays de la région pendant les années 80 et au-delà. « Les structures politiques défectueuses et les institutions étatiques faibles » sont identifiées comme d'autres causes de la vulnérabilité au crime transnational organisé au même titre que « la légitimité [...] d'un Etat affaibli» qui «a /aggravé[e] les politiques litigieuses, la violence politique [et] la fragmentation sociale ». Les auteurs prescrivent une « approche basée sur les preuves, multidimensionnelle et durable qui combinerait des mesures sociales, économiques et politiques proactives avec l'application réactive de la loi [...]».

Les résultats du rapport ont été discutés avec les parties prenantes, représentant les autorités officielles et la société civile, au cours de réunions à Dakar, Abuja, Berlin et Bruxelles. Encore une fois, il était attendu que ce papier serve de contribution à une discussion entre les citoyens plus que toute autre chose. Même si certaines des informations présentées ici demeurent limitées en termes de portée et d’actualité, il a été néanmoins décidé de publier le manuscrit du fait de la valeur de son thème.

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