Wednesday, 10.05.2023 - Dakar - Sénégal

Les défis politiques, capacitaires et opérationnels de la mise en place d’une force de paix africaine sous mandat onusien

Dans la continuité des séminaires organisés à Kinshasa (RDC) et à New York en 2022, l'Observatoire Boutros-Ghali du maintien de la Paix piloté par le GRIP (Groupe de Recherche et d'Information sur la Paix et la Sécurité), et le bureau Paix et Sécurité Centre de Compétence Afrique Subsaharienne de la Friedrich Ebert Stiftung (FES PSCC) Dakar, ont organisé une conférence portant sur « les enjeux politiques, opérationnels et capacitaires de la mise en œuvre d'une force de paix africaine sous l'égide de l'ONU ». La conférence qui s'est tenue à Dakar (Sénégal) le 10 mai 2023 offrait une nouvelle opportunité de débattre de l'avenir des opérations de maintien de la paix de l'ONU, en particulier dans leur dimension africaine.

Afin de répondre aux nombreux défis politiques et opérationnels du maintien de la paix, un Nouvel Agenda pour la Paix (NAP) sera présenté fin 2024 par l'actuel Secrétaire général de l'ONU (UNSG), Antonio GUTERRES. Ce projet, qui vise à repenser la manière dont l'ONU assume son rôle de garante de la paix et de la sécurité internationales dans un monde en mutation, s'inscrit dans la continuité de l'Agenda pour la paix établi en 1992 par le Secrétaire général de l'époque, Boutros BOUTROS-GHALI. Sur le continent africain, ce nouvel agenda se dessine d’ores et déjà sous les traits d’une mise à jour et d’un renforcement du partenariat avec l’Union africaine, les organisations sous-régionales, et l’implication croissante des Pays Contributeurs de Troupes issus du continent.

L'événement du 10 mai visait à alimenter les réflexions en cours sur l'avenir du maintien de la paix, en vue de l'élaboration d'un nouvel agenda pour la paix. Il s'agissait notamment de discuter de l'actualisation et du renforcement du partenariat des Nations unies avec l'Union africaine, les organisations sous-régionales et l'implication croissante des pays contributeurs de troupes du continent. Ce séminaire a également été l'occasion de réfléchir à de nouvelles stratégies d'intervention collective qui devraient apporter une réponse innovante aux difficultés actuelles du maintien de la paix, tout en préservant ses acquis. Trois aspects ont été au cœur des discussions de la journée : le cadre politique et normatif des nouvelles opérations sous l'égide de l'Union africaine, les modalités indispensables à leur opérationnalisation efficace, et l'adaptation des capacités de formation des pays africains à ces nouveaux outils.

La conférence a été l'occasion de réunir des experts et des acteurs de la société civile, de l'armée, du monde universitaire, des médias et de la politique pour discuter de l'aggravation des menaces sécuritaires et des réponses transnationales en Afrique. En ce qui concerne le nouvel agenda pour la paix annoncé par les Nations unies, il semble impératif de réexaminer les missions passées de construction et de maintien de la paix en Afrique. On s'attend à ce que l'importance des organisations régionales dans le maintien de la paix augmente en coopération avec l'ONU. C'est pourquoi l'accent n'a pas été mis uniquement sur le succès et les limites des missions passées de l'ONU, mais aussi sur le potentiel des forces panafricaines et des forces régionales conjointes. En outre, il est important de relier les expériences des différentes perspectives. Bien que la contribution des forces de sécurité soit indispensable pour résoudre les menaces actuelles à la sécurité, une approche purement militaire n'est pas suffisante. C'est pourquoi cette conférence a rassemblé des personnes d'horizons divers.

Les exemples de missions de paix de l'ONU en Afrique au cours de la dernière décennie sont nombreux (MINUSMA, MINUSCA, MINUSCO, etc.). Pourtant, le succès des efforts internationaux visant à instaurer une paix durable est plutôt limité jusqu'à présent. Les coopérations régionales n'ont pas été en mesure d'arrêter la propagation ou de repousser la violence des groupes armés jusqu'à présent. Les défis sont souvent liés à un manque de ressources financières et matérielles, mais aussi à une volonté politique insuffisante pour mettre en œuvre une coopération efficace. Par conséquent, des approches nouvelles ou adaptées sont nécessaires pour faire face aux menaces actuelles en matière de sécurité. Les panélistes et les participants ont surtout mis l’accent sur les défis opérationnels et les déficits de capacité des missions de paix, ainsi que sur les problèmes structurels du système international.

Les panels de la conférence se sont concentrés sur les sujets suivants

  1. Quels cadres d’action politiques et normatifs pour les opérations de paix sous l’égide de l’Union africaine ?
  2. Vers une force régionale africaine durable ? Modalités et conditions d’une opérationnalisation efficace.
  3. L’adaptation de l’offre de formation des écoles de maintien de la paix (EMP) aux défis des nouveaux mandats.

Face au besoin d’établir de nouvelles capacités africaines de maintien de la paix plus adéquates pour répondre aux besoins du continent, l’ONU et ses partenaires doivent avant tout tirer les leçons du bilan des opérations de paix multidimensionnelles onusiennes en Afrique. Dans ce cadre les discussions et échanges ont fait ressortir plusieurs recommandations ci-après formulées :

  • Le système international doit être réformé afin de refléter correctement les réalités internationales du 21e siècle. Le système international doit être réformé afin de refléter correctement les réalités internationales du 21e siècle, ce qui implique une participation appropriée des nations africaines et une efficacité accrue du Conseil de sécurité.
  • Afin de permettre des interventions rapides et efficaces, l'accent mis sur la coopération régionale doit être renforcé. Cela devrait inclure des solutions panafricaines telles que des forces spéciales antiterroristes africaines.
  • Afin de garantir la capacité d'agir de manière efficace et fiable, le financement et la distribution des ressources doivent être assurés de manière durable. Cela pourrait impliquer le soutien d'acteurs internationaux.
  • Il est nécessaire de passer d'une conception de la sécurité uniquement centrée sur l'État à une approche humanitaire globale. Cela comprend les menaces traditionnelles à la sécurité, la protection des droits de l'homme, l'inclusion des groupes vulnérables dans les processus décisionnels, une gestion durable des questions environnementales et un développement économique équitable.
  • Le personnel des missions de paix doit être adapté aux caractéristiques du lieu où se déroule l'opération. Cela comprend la connaissance de la langue (par exemple, le français dans les pays francophones), mais aussi des circonstances culturelles et religieuses. Cela permet de mieux comprendre les besoins de la population locale et donc d'augmenter les chances de réussir à instaurer une paix durable dans la région.

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