4ème Edition Dialogue du Sahel-Sahara « « Le Sahel face aux enjeux et mutations géopolitiques contemporaines : vers quelles perspectives pour la région ? »

Depuis des années, les pays du Sahel sont aux prises avec une succession de crises politique, humanitaire, environnementale et sécuritaire aux impacts négatifs sur la paix et le développement. Les menaces de déstabilisation dans cette région englobent un spectre étendu de facteurs économiques, sociaux et politiques ainsi que des tensions intercommunautaires et des défis liés au changement climatique, entre autres. L’insécurité y est également alimentée par l'implantation de groupes extrémistes (Al Qaeda au Maghreb Islamique, Etat Islamique au Grand Sahara) avec des capacités limitées des Etats et surtout l’absence de stratégies claires des gouvernants politiques de la région à y faire face, la criminalité transfrontière organisée facilitée par l’immensité et la porosité des frontières, la circulation illégale des armes légères et de petit calibre. La 4ème édition Dialogue du Sahel-Sahara a permis de revisiter ces défis multidimensionnels d’insécurité et d’instabilité et de discuter la détérioration apparente des conditions déjà assez précaires qui comprend notamment la propagation des menaces terroriste et extrémiste du Mali, du Burkina Faso et du Niger vers des pays du sud comme le Bénin et la Côte d’Ivoire.

Au cours des cinq panels qui ont été abordés avec différents aspects les participants, venant du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Tchad, n’ont pas seulement détaillé les problèmes mais ils ont élaboré des recommandations axées sur l’augmentation de la sécurité humaine et l’inclusion de la société civile, malgré des actions militaires indispensables dans certaines circonstances. Tout en étant conscient du contexte géopolitique et de ses ramifications sur la politique régionale et la coopération au Sahel.

Les panels de la conférence ont respectivement porté sur les thèmes ci-après :

1. Analyse des dynamiques et enjeux sécuritaires au Sahel et leurs impacts sur la stabilité de la région et des pays du Golfe de Guinée ?
2. Quelles approches et stratégies régionales intégrées pour aborder durablement les menaces sécuritaires hybrides et dynamiques au Sahel ?
3. Sécurité collective au Sahel : quelles contributions des populations civiles aux efforts de paix et de stabilisation de la région ?
4. Partage d’expériences et analyse des stratégies nationales de résilience contre l’insécurité au Sahel.
5. Les perspectives d’une paix durable au Sahel : vers quels scénarii possibles à court, moyen et long terme ?

Les échanges et discussions ont mis en exergue plusieurs recommandations :

• Tout d’abord, il faut intégrer et coordonnées les politiques de sécurité nationales dans la région pour adresser le caractère transnational des menaces. Cela nécessite la recherche des causes profondes de la radicalisation et de la déstabilisation et de surcroît une dynamique de coopération sécuritaire entre les pays du Sahel ainsi qu’avec les pays voisins incluant le partage d’informations plus fiable.
• Des réponses purement militaires doivent être évitées en lieu et place il faut une coordination renforcée et respectueuse entre la police, la gendarmerie et les acteurs de la société civile. Cela inclut de renforcer les compétences des organisations de la société civile dans les stratégies de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent.
• Il faut une « renégociation de la citoyenneté » qui nécessite, en outre, un dialogue sociétal pour écouter la population et augmenter l’inclusion des institutions étatiques et sécuritaires. En même temps, il faut discuter, adresser et mitiger les stigmatisations des communautés marginalisées.
• Il est nécessaire d’institutionnaliser la bonne gouvernance, de lutter contre les défis de la corruption, de la mauvaise gestion, et de renforcer les systèmes judiciaires pour mieux préparer et adapter les pays aux changements et aux augmentations démographiques.
• La coopération régionale et ses capacités doivent faire l’objet d’une plus grande attention, tout d’abord de la CEDEAO. La responsabilité doit être assumée dans la région réduisant la dépendance à l’égard de l’aide extérieure. Cela nécessite d’abord de renouer le dialogue bilatéral dans la région, notamment entre le Mali et le Niger.
• Également, un consensus régional sur la position du Sahel dans la (géo)politique mondiale est nécessaire, ce qui faciliterait la gestion durable de la sécurité régionale et servirait en outre à réagir de manière proactive à la fracture mondiale entre « Nord » et « Sud » où le Sahel se trouve à la périphérie capitaliste.