6éme dialogue sur la paix et la sécurité régionales dans le Sahel et le Sahara : traverser les frontières de la paix

Des décideurs politiques, universitaires, experts et acteurs de la société civile de la région ainsi que des représentants des mécanismes multilatéraux africains et internationaux se sont réunis lors du 6e dialogue sur le Sahel et le Sahara pour identifier les tendances émergentes et proposer des réponses coopératives idoines aux défis sécuritaires régionaux. Voici quelques points clés à retenir des échanges :

• Le manque de confiance entre les États du Sahel et du Sahara a facilité l'expansion des groupes armés extrémistes et la croissance de la criminalité transnationale organisée dans cette vaste région. L'imbrication des menaces dans les sous-régions et les dynamiques géopolitiques internationales nécessite une coopération régionale stratégique renforcée pour lutter contre ces menaces sur le terrain et collaborer avec les acteurs extérieurs. Malgré certaines réserves quant aux performances actuelles des mécanismes multilatéraux, la coopération multilatérale aux niveaux mondial et régional est considérée comme essentielle pour relever les défis multiformes auxquels la région est confrontée.
• Le discours sur la souveraineté et le souverainisme est marqué par des tensions et des contradictions selon les points de vue — par exemple entre la souveraineté étatique, comprise avant tout comme une volonté affirmée de liberté et d’affranchissement des États vis-à-vis des puissances étrangères, et la souveraineté civile. Ainsi, la notion de « sécurité souveraine » demeure floue. Aujourd’hui, le discours souverainiste et populiste des gouvernants, centré sur la sécurité, tend à isoler la région du Sahel et constitue une menace pour son développement économique. À l’inverse, une sécurité véritablement souveraine des populations devrait garantir leur sécurité physique, économique et alimentaire.
• Les frontières sont des espaces de continuum économique et social favorisant la connectivité, la mobilité et le développement. Si elles sont bien valorisées autant que sécurisées, les frontières peuvent être des vecteurs de paix et de stabilisation régionale. L'étendue, la porosité et l'éloignement des capitales de nombreuses frontières de la région exposent les États à des vulnérabilités en termes de sécurité et de stabilité. Cette situation est exacerbée par la marginalisation socio-économique dont souffrent souvent les communautés vivant le long des frontières périphériques. Une meilleure coopération entre les voisins régionaux pour sécuriser les frontières, lutter contre la criminalité transnationale et améliorer les moyens de subsistance dans les zones frontalières est nécessaire pour renforcer la sécurité nationale.
• La co-création de la sécurité et du développement humain grâce à une gouvernance inclusive et participative est la clé de la paix et de la sécurité régionales. Cela nécessite des efforts délibérés pour instaurer la confiance et explorer les voies d'un accord politique par le dialogue. Le dialogue est considéré comme indispensable et impératif dans la recherche de la résolution des conflits et de la consolidation de la paix, mais il est insuffisant s'il n'est pas soutenu par une action politique soutenue et un développement socio-économique. Le dialogue doit viser à renforcer la réactivité de l'État aux besoins des citoyens, à promouvoir des institutions plus inclusives et des résultats politiques.