Conférence publique sur le Sahel « crise sécuritaire, terrorisme et rébellion, défis et enjeux de l’après Idriss Déby »

Le Tchad sous le Maréchal était devenu un pivot et une des clefs de voûte de la lutte contre le djihadiste et le terrorisme en Afrique subsaharienne. Les forces armées tchadiennes sont sur tous les théâtres de lutte au Cameroun, au Nigéria, au Niger, au Burkina, au Mali, et récemment 2000 hommes ont été déployés à la zone dite des trois frontières. Aux yeux de ses partenaires extérieurs, le pays constitue un « verrou stratégique » au croisement de l’Afrique du Nord, centrale et du Sahel. L’image d’un pays pauvre, sous-peuplé et enclavé s’est effacée au profit d’un allié incontournable pour lutter contre la propagation de la menace djihadiste au Sahel, en Afrique de l’Ouest et centrale. Aujourd’hui, après le décès du Président Idriss Déby ITNO qui a été annoncé le 20 avril 2021, beaucoup d’observateurs et d’analystes se posent des questions relatives à l’avenir incertain dans la région sahélienne et Ouest-africaine de manière générale et au Tchad en particulier. D’autant plus qu’une polémique s’est instaurée sur la succession dévolue à un fils Déby dans un Comité militaire de transition, au moment où des rebelles seraient en train d’avancer sur la capitale N’Djamena.

Cette conférence publique organisée sous forme de table ronde et dans un format participatif, multi-acteurs avec des profils divers de différents pays d’Afrique et du reste du monde a vu la participation des institutions étatiques, inter–étatiques, des structures de recherches, des organisations non gouvernementales de la sous-région qui suivent ou travaillent sur la géopolitique au Sahel.

Les discussions et échanges ont font ressortir des conclusions très intéressantes. Notamment, sur le plan géostratégique, le Tchad étant un pays fortement militarisé et très pauvre a joué un rôle très important dans la lutte contre le terrorisme avec une armée courageuse, opérationnelle et efficace. Avec une histoire politico-militaire très mouvementée, il est légitime de s’interroger sur les conséquences de la disparition du président Idriss Déby Itno au moment où le Tchad continue de jouer le rôle de leader dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Cependant force est de constater que l’armée tchadienne est très sollicitée dans le Sahel alors qu’elle est remise en cause au niveau interne. Il est donc légitime voire vital de réfléchir et de s’interroger sur le futur des engagements militaires au regard des changements intervenus suite à la disparition du président Idriss Déby Itno. L’avenir demeure un souci permanent en raison des enjeux géopolitiques du moment mais surtout des voix discordantes par rapport à la succession du président Idriss Déby Itno. Il est à craindre la jonction des opposants (rebelles frustrés, mercenaires tchadiens, anciens opposants,) qui pourrait conduire à une instabilité du pays. Mais, force est de constater que malgré beaucoup de critiques formulées au niveau continental, le Tchad maintient sa présence dans la lutte contre le terrorisme au Sahel et son retrait n’est pas envisagé.