Friday, 04.04.2014 - Abuja, Nigeria

Débat d’Abuja : Gestion des conflits en Afrique de l’Ouest

Pour son premier débat de l’année, la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) a ouvert sa série de Débats d’Abuja pour 2014 par une discussion sur la gestion des conflits en Afrique de l’Ouest. En réunissant un large éventail de parties prenantes, la fondation FES a de nouveau créé une plateforme de dialogue informel entre les représentants de la société civile et les hauts fonctionnaires. Plus précisément, l’événement a réuni des représentants de la Commission de la CEDEAO et du Corps diplomatique ainsi que des personnes représentant le Parlement de la CEDEAO, le Centre pour la démocratie et le développement (CDD), le West African Civil Society Forum (WACSOF - Forum de la société civile ouest-africain), le Nigeria National Youth Service (structure chargée de la jeunesse au Nigéria), le Nigeria’s National Defence College (NDC - College de défense) et des journalistes.

Contrairement à la réputation de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en tant que garant de la paix et de la sécurité régionales, les événements récents au Mali ont mis en exergue les nouveaux défis auxquels l’Organisation est confrontée dans la gestion des conflits violents. Les États membres ont été confrontés à de nouvelles menaces transnationales. En effet, le potentiel de fragilité a encore augmenté. Dans le même temps, la coopération entre les gouvernements dans un système multidimensionnel est devenue de plus en plus complexe. Pourtant, les intervenants ont reconnu que l’action collective est plus que jamais nécessaire. En plus de donner un aperçu des détails opérationnels, le débat a permis de discuter amplement de la portée de la prévention des conflits et du potentiel de la CEDEAO dans les deux domaines.

Après le mot de bienvenue prononcé par M. Felix Henkel, Coordonnateur régional de la Fondation FES Afrique de l’Ouest, le Responsable du NDC, le Dr. Istifanus Zabadi a présenté les défis les plus préoccupants. Par la suite, le panel qui a réuni Mme Julie Sanda (NDC), le Dr. Abdel Fatau Musah (Commission de la CEDEAO, Direction des affaires politiques), S.E. Jacques Champagne de Labriolle (Ambassadeur de la République française au Nigeria), le Général Hassan Lai (Commission de la CEDEAO, Directeur par intérim du Département chargé du maintien de la paix et de la sécurité), le Dr. Jibrin Ibrahim (Senior Fellow, CDD) et l’Honorable Saheed Akinade-Fijabi (Parlement de la CEDEAO), a permis de mener un débat interactif.

Le débat entre les panelistes et la discussion qui a suivi avec le public ont mis en évidence l’importance de considérer les problèmes persistants à la base et d’employer des mécanismes de prévention pour empêcher le déclenchement des conflits en premier lieu. Le Dr.Musah a soutenu que la diplomatie préventive, bien que peu connue du public, était un mécanisme important utilisé par la Commission de la CEDEAO, comme l’ont démontré récemment des missions réussies au Togo, au Niger et en Côte d’Ivoire. Le Dr. Jibrin a souligné la nécessité d’accentuer la visibilité et la vulgarisation des actions de la CEDEAO auprès du grand public.

La présence de l’Ambassadeur de la République française au Nigeria a permis de prendre en compte le rôle des acteurs internationaux dans la gestion des conflits en Afrique de l’Ouest (en particulier la France) et leur relation avec les acteurs locaux. S.E. de Labriolle a plaidé en faveur d’une compréhension et d’une connaissance plus durables et plus globales de la sécurité collective et des nouvelles possibilités de coopération intra et interrégionale.

La question de l’inclusivité dans la gestion et la résolution des conflits a été évoquée plusieurs fois au cours de la soirée. La CEDEAO a été invitée à travailler avec un plus grand nombre d’acteurs, en particulier avec la société civile organisée et avec le Parlement de la CEDEAO. Plusieurs intervenants ont plaidé pour une plus grande participation des jeunes et des femmes à la gestion des conflits.

Les représentants de la Commission de la CEDEAO ont saisi l’occasion pour partager certains points de vue sur les efforts de la CEDEAO en matière de mobilisation des troupes et de réaction politique dans le cas du Mali. Ils ont également tenu à exposer les obstacles auxquels la Commission était confrontée et ont continué en réaffirmant leur engagement à aller vers une «CEDEAO des peuples» plutôt que de continuer dans la logique d’une «CEDEAO des chefs d’État». Il a été relevé que la majeure partie de la tâche reposait sur la capacité de la société civile et des parlements à faire pression sur les gouvernements nationaux pour mobiliser la volonté politique nécessaire à la réalisation de cet objectif.

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