06.05.2013

L'impact du crime organisé sur la gouvernance

Les données compilées par l'Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) indiquent que l'Afrique de l'Ouest est devenue la plaque tournante du Crime Organisé aussi bien en termes de volume et de qualité. Le Crime transnational s'est propagé dans toutes les sphères de la vie publique à travers le trafic, le blanchiment d'argent et l’évasion fiscale. Ceci sape) les structures de l'Etat dans presque tous les pays de l'Afrique de l'Ouest.

Un débat public organisé par la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) a réuni des parties prenantes provenant de l'ONUDC, de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), d'organisations de la société civile, des membres du Corps diplomatique, du service des douanes du Nigeria et du Collège de Défense nationale, des universitaires et les médias. Le débat a porté sur l'impact sociétal du Crime Organisé et ses effets sur la gouvernance. L'évènement a également servi d'occasion pour explorer et diffuser publiquement une étude qui avait été menée, au cours des deux dernières années, dans quatre (4) sous-régions de l'Afrique de l'Ouest sous la direction de FES.

Les débats étaient présidés par Madame Kemi Okenyodo, Directrice Exécutive de la Fondation CLEEN. Madame Mariam Sissoko, Directrice pays de l'ONUDC a souligné la nécessité d’appliquer la loi et de faire de la sensibilisation pour travailler main dans la main afin d'être efficace. Prof Etannibi Alemika de NINSED a mis l'accent sur la nécessité que les citoyens travaillent avec les autorités locales au lieu de faire uniquement confiance au gouvernement. Dr. Ayokunle Fagbemi, Directeur du CEPSERD, a signalé l'obligation, pour les citoyens, de chercher des moyens pour améliorer la transparence et la redevabilité. M. Isaac Armstrong, Chargé de programme principal à la CEDEAO, a clairement affirmé que les moyens de l'organisation régionale étaient assez limités sans la participation active et le soutien politique des Etats membres.

Les panélistes se sont accordés sur le fait que l'insuffisance de la capacité des Etats de la région a créé des points d’entrée faciles pour les criminels. Ils ont souligné la nécessité de reconnaître la corruption comme un crime en tant que tel par opposition aux moyens simples employés par les éléments criminels ou à la particularité culturelle. Le débat a aussi identifié comme principaux défis: la collecte de données, les racines socio-culturelles du clientélisme, la pénétration des plus hautes sphères du gouvernement, les attentes déçues des populations qui ont décidé de « trouver leur salut en Europe», l’absence d’infrastructures de base et les insuffisances des Etats dans l'offre de services publics. Du point de vue de la CEDEAO, la tâche principale était de mettre en œuvre les protocoles et les conventions existant au niveau national.

Sur une note plus optimiste, des synergies avaient été identifiées entre l'Afrique de l'Ouest et l'Europe, puisqu’elles ont toutes les deux été négativement touchées par le crime transnational organisé, et qu’elles avaient comme intérêt commun d’atténuer le problème. Il avait aussi été perçu une possibilité d’améliorer les efforts de sensibilisation ou, de préférence, de mettre en place des politiques éducatives et culturelles englobantes. Par-dessus tout, une culture politique de transparence démocratique était jugée fondamentale pour tenir les décideurs responsables de leurs actions.

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