Tuesday, 08.08.2023 - PSCC Talk - Zoom

PSCC Talk : « Coopération et initiatives sous-régionales africaines de lutte contre le terrorisme : regard croisé sur l’initiative d’Accra, le G5 Sahel et la Force Multidimensionnelle Mixte »

Dans le cadre de ses conférences virtuelles dénommées « PSCC Talk » le bureau Paix et Sécurité Centre de Compétence Afrique Subsaharienne de la Fondation Friedrich Ebert (FES PSCC) Dakar a organisé le Mardi 08 Août 2023 une rencontre virtuelle sur le thème : « Coopération et initiatives sous-régionales africaines de lutte contre le terrorisme : regard croisé sur l’initiative d’Accra, le G5 Sahel et la Force Multidimensionnelle Mixte ». La rencontre, qui a réuni une vingtaine d’experts, avait pour objectif d’analyser les progrès et les limites de ces trois organisations de coopération sous-régionale présentes au Sahel, dans le bassin du lac Tchad et dans les pays côtiers, de comprendre les causes de l’expansion du terrorisme vers les pays du Golfe de Guinée et enfin de formuler des propositions d’actions plus appropriées et cohérentes afin que ces initiatives soient plus efficaces et efficientes.

En réponse aux défis sécuritaires hybrides et complexes, notamment le terrorisme, la criminalité transfrontalière…, des initiatives de coopération sous-régionale regroupant les États qui partagent des frontières ont vu le jour. Le G5 Sahel, l’Initiative d’Accra et la Force Multidimensionnelle Mixte s’inscrivent dans cette volonté de mutualisation des efforts pour contrer la menace djihadiste. Malgré des résultats assez significatifs, ces organisations se retrouvent à la croisée des chemins, quand bien même les défis sécuritaires continuent de s’accroître au Sahel et se propagent inexorablement vers les pays côtiers. Le G5 Sahel, qui regroupe les états du Sahel, rencontre des difficultés, notamment avec le retrait du Mali de ladite organisation pour des raisons politiques. De plus, avec le dernier putsch acté au Niger, l’architecture de la gouvernance des pays du Sahel vient de tomber dans un score de 4/5 de régime militaire dont trois issus d’un coup d’État (Mali, Burkina et Niger) et le Tchad qui a de la peine à avancer vers une transition démocratique. Seule la Mauritanie demeure un régime démocratique, à l’heure actuelle. La survie du G5 Sahel reste plus que menacée malgré des tentatives récentes de redynamiser la coopération. La FMM (Force Multinationale Mixte), son autre voisin, se voit également confrontée à de nombreux défis et une incapacité à enrayer définitivement Boko Haram dans le Bassin du Lac Tchad. Quant à l’Initiative d’Accra, qui est une initiative des pays côtiers, elle peine aussi à décoller malgré des opérations militaires conjointes. La pression croissante des groupes armés terroristes avec la multiplication des attaques dans ces pays côtiers démontre clairement leur objectif d’avoir un accès aux débouchés maritimes.

Une lecture croisée de ces mécanismes régionaux semble nécessaire pour pouvoir tirer des leçons et faire des propositions axées sur des solutions pour leur survie.

Ainsi, la synthèse croisée des deux interventions, notamment celle du Général Aimé Barthélemy SIMPORE, Directeur National du Centre d’Études Stratégiques du Burkina Faso et celle de M. Emmanuel Odilon KOUKOUBOU, Spécialiste des Politiques de Sécurité au Sahel, a démontré que les discontinuités territoriales, l’insuffisance dans les approches et les outils, mais surtout, les problèmes d’instabilités politiques dans certains pays viennent complexifier davantage les dynamiques sécuritaires, avec en filigrane la persistance d’une menace aujourd’hui transversale qui plombe l’efficacité de ces initiatives. Dans un autre registre, le manque de confiance et la méfiance de certains pays, l’immixtion de certains partenaires internationaux rendent difficile la bonne convergence dans la vision stratégique de ces initiatives. Le financement de ces initiatives pose un autre problème, car si la FMM a pu compter sur le leadership et le très important apport financier du Nigeria dans le cadre de la lutte contre Boko Haram dans le Bassin du Lac Tchad, le G5 Sahel a toujours été confronté à un problème de financement interne et demeure fragile face à l'influence de puissances extérieures. En ce qui concerne l'initiative d'Accra, la collision entre certains pays, qui sont également membres d'autres initiatives voisines, demeure un défi. Les différences entre les approches ont eu pour conséquence une absence de leadership, ce qui entrave son efficacité. Cette synergie d’action qui devait être sa locomotive est butée à des stratégies nationales souverainistes comme le cas du Burkina et du Mali. Par ailleurs, la résurgence des coups d’états en Afrique de l’Ouest laisse entrevoir la naissance d’un front du Sahel central (Mali, Burkina, Niger) dirigé par des régimes militaires putschistes versus les pays côtiers, démocratiques et stables, constituant par ailleurs une menace pour la survie du G5 Sahel et de l’Initiative d’Accra. Une régression de la démocratie en Afrique de l'Ouest peut s’avérer fatal pour le sort futur de ces initiatives.

Enfin, les discussions ont permis de révéler que la multiplicité des initiatives constitue par ailleurs un frein et crée un problème de cohérence. Le contexte est un contexte de superposition de problèmes et les menaces doivent être identifiées et combattues en commun. Parmi les options, il a été évoqué la nécessité d’une synergie d’actions communes autour d’un seul mécanisme pour répondre plus efficacement et circonscrire la discontinuité dans la lutte contre la menace terroriste. Il semble urgent d’adopter une réponse globale et concertée construite sur les leçons apprises des initiatives existantes pour repenser un seul mécanisme régional sous le leadership de la CEDEAO qui compte en son sein pratiquement tous ces pays qui partagent des frontières et des problèmes communs.

En outre, les problèmes de développement, de bonne gouvernance et de justice, terreau fertile pour le terrorisme, doivent être traités en priorité par les États.

Ces discussions ont été modérées par M. Soumaila LAH, Coordinateur de l’Alliance Citoyenne d’appui à la Réforme du Secteur de la Sécurité au Mali, (AC-RSS)

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