Tuesday, 20.03.2018 - Wednesday, 21.03.2018 - Dakar, Sénégal

Atelier de diagnostic des défis sécuritaires communs à la Gambie, la Guinée Bissau et le Sénégal

Les 20 et 21 Mars 2018, le Bureau Paix et Sécurité Centre de Compétence Afrique Subsaharienne de la Friedrich Ebert Stiftung (FES PSCC) a co-organisé avec WANEP-SENEGAL un atelier de diagnostic des défis sécuritaires communs à la Gambie, la Guinée Bissau et le Sénégal. Cette rencontre sous régionale a vu la participation effective d’une trentaine de personnes venant de la Gambie, de la Guinée Bissau et du Sénégal composées de représentants d’institutions étatiques, non étatiques et internationales (ONG et OSC), des membres des forces de sécurité, des experts, des universitaires pour discuter et partager leurs expériences sur les défis sécuritaires communs à ces trois pays et formuler des recommandations stratégiques de prévention et de résilience claires et réalisables à l’endroit des décideurs politiques de ces différents pays.

Pays fragiles aux développements politiques inégaux, connaissant des économies extraverties et faiblement redistributives en dépit de fortes potentialités de croissance, le Sénégal, la Gambie et la Guinée-Bissau connaissent des formes d’insécurités hybrides et des menaces diverses, connues et émergentes. Celles-ci sont particulièrement aigues au niveau des zones transfrontalières et se déploient d’un pays à l’autre en jouant des faiblesses de toutes sortes des systèmes politiques et sécuritaires locaux. Qu’il s’agisse en effet de trafic de drogue, de traite des personnes, notamment des enfants, des femmes et des migrants, de prolifération des armes légères, de crimes environnementaux, de terrorisme, nous avons affaire à des problématiques transversales et communes, et qui font de la coopération multilatérale la condition de possibilité d’un traitement efficient. Aucun de ces trois pays pris isolément n’est en mesure de résoudre ces questions efficacement et durablement. Par ailleurs la menace de contagion en cas d’insécurité humaine et de déstabilisation politique est réelle comme peuvent en attester le conflit en Casamance où les guerres civiles guinéennes. Or, les faibles capacités institutionnelles et économiques des États, leurs sévères lacunes en termes de gouvernance sécuritaire, la porosité de leurs frontières, la corruption endémique y compris de leurs Forces de Défense et de Sécurité (FDS), la grande vulnérabilité économique des populations, rendent les situations nationales et sous régionales particulièrement critiques au moment même où les menaces n’ont jamais été aussi grandes.

Ceci explique l’organisation d’un tel atelier par le bureau Paix et Sécurité Centre de Compétence Afrique Subsaharienne de la Friedrich Ebert Stiftung (FES PSCC) en collaboration avec les réseaux WANEP de la Gambie, de la Guinée Bissau et du Sénégal.

L’atelier de diagnostic avait principalement pour objectif de faire un état des lieux de la situation sécuritaire de chaque pays pour dresser un tableau synoptique des défis sécuritaires qui leur sont communs en vue de formuler des propositions stratégiques de prévention et de résilience aux décideurs politiques de pays concernés.

Les thématiques développées lors des panels portaient sur :

  • Radicalisme/Extrémisme violent-Terrorisme
  • Démocratie et bonne gouvernance
  • Crimes environnementaux
  • Crimes organisés et trafics de tous genres

Les discussions et échanges d’expériences qui sont suivis des travaux de groupes ont été l’occasion pour les participants d’identifier les défis et enjeux qui se posent en matière de démocratie et de bonne gouvernance au Sénégal, à la Gambie et la Guinée-Bissau et de déterminer leurs impacts sur la sécurité humaine de manière générale. Les travaux ont aussi montré que les trois pays sont confrontés, entre autres, à des problèmes de gouvernance, la faiblesse des institutions, un manque de confiance des populations à l’égard des Forces de Défense et de Sécurité, une fragilité sociale et une instabilité politique. Il ressort également de l’atelier qu’il existe un lien entre l’émergence des menaces sécuritaires et les capacités de l’État en matière d’élaboration et de mise en œuvre de politiques publiques, de respect des droits sociaux, économiques et culturels. De même, il est unanimement admis l’inexistence de patrouilles conjointes, l’échange de renseignements mais aussi une faible coopération policière entre les trois pays.

Les discussions ont révélé que les enjeux sécuritaires revêtent tous une dimension transnationale, ce qui rend la coopération fondamentale entre le Sénégal, la Gambie et la Guinée Bissau. La rencontre a permis de dégager des pistes de collaboration pour prévenir les conflits entre des pays et des peuples voués à vivre ensemble car tel est leur destin. Il est admis qu’un ensemble de facteurs sociopolitiques et économiques, en constante évolution, sont au cœur de la problématique sécuritaire qui interpelle tous les trois pays parce que ces phénomènes n’ont pas de frontières.

De manière globale, pour co-construire une sécurité partagée entre les différents pays, les propositions suivantes ont été faites :

  • Organiser la collaboration des différentes sociétés civiles au niveau des pays et au niveau sous-régional pour trouver des stratégies de prévention communes ;
  • Mettre sur pied un cadre de collaboration entre gouvernements, sociétés civiles et populations locales pour renforcer la résilience communautaire avec une meilleure implication des femmes et des jeunes ;
  • Mettre en place une cellule commune capable de faire de l’anticipation prévention et de gérer les problèmes identifiés ;
  • Construire une vraie démocratie moderne et vertueuse, fondée sur des institutions légitimes et efficaces, mobilisatrice vers l’édification d’une région prospère et stable ;
  • Mettre en place une stratégie coordonnée et pluri-institutionnelle au plan national et sous régionale (renforcement des activités de police environnementale, échange de renseignements, sensibilisation du public et des législateurs) pour lutter efficacement contre les crimes environnementaux ;
  • Le plaidoyer pour la mise en place de pôles de développement territoriaux ;
  • La création d’une base de données pour le suivi-évaluation des incidents.

Cet atelier devrait à terme aboutir à la mise en place d’un mécanisme de contrôle citoyen de l’action publique en collaboration avec WANEP.

Friedrich-Ebert-Stiftung
Paix et Sécurité Centre de Compétence Afrique Subsaharienne

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