Friday, 09.08.2024 - Bamako - Mali

Atelier de présentation des résultats de l’étude « Prise en compte des besoins et de la participation des femmes dans les processus de réforme du secteur de la sécurité au Burkina Faso, au Mali et au Niger »

En collaboration avec FES Bamako et l’Alliance Citoyenne pour la Réforme du Secteur de la Sécurité (AC-RSS) » le bureau Paix et Sécurité Centre de Compétence Afrique Subsaharienne de la Fondation Friedrich Ebert (FES PSCC) Dakar a organisé le vendredi 09 août 2024 à Bamako un atelier de présentation des résultats de l’étude « Prise en compte des besoins et de la participation des femmes dans les processus de réforme du secteur de la sécurité au Burkina Faso, au Mali et au Niger » en présence d’experts, chercheurs, membres d’OSC, représentants d’institutions régionales et de forces de défense et de sécurité.

Face aux multiples défis que connait la région du Sahel, celui concernant la sécurité est sans aucun doute le plus pressent. Les stratégies classiques développées par les gouvernements et les institutions de sécurité n’ont pas produits des résultats probants. D’où l’émergence de plus en plus de voix qui appellent à un changement de stratégie et à une profonde réforme du secteur de la sécurité (RSS) pour une offre de sécurité plus efficace et adaptée aux besoins des populations dans cette région. Aussi, est-il nécessaire d’engager les différentes catégories de la population du Sahel afin de jouer un rôle dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix.

Les femmes représentent ainsi une catégorie importante dans ce sens, et leur intégration de même que la prise en compte de leurs besoins entre autres n’est plus une simple option, mais une priorité stratégique qui est désormais de plus en plus intégrée dans les programmes de développement des pays de la région.

Dans une déclaration publiée par sa présidence, en Février 2021, le Conseil de sécurité de l’ONU insistait sur l’importance du rôle que jouent les femmes en Afrique de l’Ouest et au Sahel dans la prévention et le règlement des conflits, dans la consolidation de la paix et dans les situations d’après-conflit. Dans cette déclaration, les membres du Conseil soulignent que les femmes « doivent participer sur un pied d’égalité à tous les efforts visant à maintenir et à promouvoir la paix et la sécurité et y être pleinement et véritablement associées ». De même, dans sa politique cadre sur la réforme du secteur de la sécurité l’Union Africaine rappelle que « la RSS adhérera aux principes de l'égalité des sexes et de l'autonomisation des femmes (…). L'ensemble du processus de RSS comprendra donc des activités spécifiques aux femmes, une sensibilisation aux questions de genre et une programmation adaptée, et visera à transformer les possibilités d'équité entre les sexes dans le secteur de la sécurité ».

La présente étude vise principalement à analyser les avantages et opportunités d’un secteur de la sécurité incluant la dimension genre pour mieux comprendre les défis d’une telle prise en compte en vue de promouvoir une meilleure implication et intégration des besoins des femmes dans la RSS au Sahel central (Burkina Faso, Mali, Niger).

L’atelier animé par Ornella MODERAN, chercheuse indépendante et conseillère en politiques publiques experte de la réforme du secteur de la sécurité et l’économie politique des conflits et de l’instabilité, et Commissaire Aliou Ibrahima SYLLA du commissariat à la réforme du secteur de la sécurité (Mali) a été l’occasion d’analyser les contours du débat sur une meilleure implication et intégration des femmes à tous les niveaux dans les processus RSS paix pour une région du Sahel davantage stable et sûre.

Les discussions modérées par Nana Alassane TOURE, experte genre, sécurité et droits humains (Mali) ont été l’occasion :

  • D’apporter des critiques et commentaires au document ;
  • D’analyser les avantages d’un secteur de la sécurité inclusif pour la stabilité du Mali singulièrement et du Sahel central de manière globale ;
  • De faire une analyse comparative des avancées réalisées dans l’intégration et la prise en compte des besoins des femmes dans les processus RSS au Burkina Faso, Mali, Niger ;
  • De déterminer les défis ou barrières à la participation des femmes aux processus RSS et montrer des parallèles en tenant compte des particularités de chaque pays ;
  • D’identifier des pistes d’action pour une meilleure prise en compte des femmes dans les mécanismes conventionnelle et non conventionnelle de gestion de la sécurité et les processus de paix au Burkina Faso, Mali, Niger ;
  • De faire des recommandations réalistes pour l’élaboration de politiques et procédures RSS pour une meilleure implication et intégration des besoins des femmes au Burkina Faso, Mali et Niger, conformément aux textes en vigueur au plan national, continental et international ;

Les échanges ont dressé de manière unanime un certain nombre de constats :

D’abord, l‘étude dresse de manière succincte l’état d’avancement de la RSS au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Elle examine également les avancées en matière de participation des femmes à ces institutions, et la prise en compte des sexo-spécificités dans l’offre de service proposée par ces institutions. L’étude décrit aussi les obstacles qui continuent de limiter les progrès dans ce domaine, puis elle conclut par la proposition de recommandations pratiques en vue de relever le défi posé par les obstacles persistants.

Ensuite, l'étude s’intéresse à la participation des femmes au secteur de la sécurité au Burkina Faso, au Mali, et au Niger d’une part ; et des réponses institutionnelles aux besoins de sécurité spécifiques des filles et des femmes d’autre part.

Enfin, malgré un arsenal juridique et politique impressionnant, la mise en œuvre effective des engagements des États du Sahel central en faveur de la participation des femmes aux questions de sécurité continue de présenter des défis importants dans tous les domaines. Si des avancées collectives sont à saluer, telles que l’ouverture progressive des forces de défense et de sécurité aux femmes depuis les années 1960s ou 1970s selon les pays, beaucoup reste à faire pour convaincre réellement les décideurs de la valeur ajoutée concrète de FDS davantage féminisées, et mobiliser la volonté politique nécessaire pour prioriser des réformes qui promeuvent activement la participation des femmes aux services de sécurité sur un pied d’égalité avec les hommes. Vulgariser les travaux de recherche qui explicitent le lien entre égalité hommes-femmes, participation des femmes, et renforcement de la paix et de la sécurité pourrait aider à progresser dans ce sens. En somme, relever plus résolument le défi de la participation des femmes peut engendrer un impact positif considérable sur l’efficacité des services de sécurité.

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