31.10.2017

Djihadisme et communication : L’accès aux médias en question.

La lutte contre le terrorisme et son mode de communication suscitent de nombreuses interrogations à travers le monde. Une situation qui a du mal à trouver la réponse adéquate dans tous les pays y compris ceux occidentaux. Mardi dernier, à Dakar, une conférence portant sur « Médias, djihadistes et la stratégie de contre-communication » a réuni quelques experts et les médias afin de réfléchir sur une synergie de riposte.

L’évolution du terrorisme en Afrique et au Moyen Orient, avec la montée en puissance de nouveaux conflits, pose de plus en plus d’inquiétudes chez les populations. La conférence, organisée par le Bureau Paix et Sécurité du Centre de Compétence Afrique Subsaharienne de la Fondation Friedrich Ebert, a permis d’échanger sur la problématique de communication par les professionnels et acteurs intervenants. La cérémonie a été présidée par l’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne, Stephan Röken. Pour le diplomate, il faut une approche communicationnelle en lieu et place d’une solution militaire. Après avoir raconté son expérience au Pakistan sur la question du djihadisme, M. Röken estime qu’il y a un défi à relever sur ce terrain, « les terroristes ont un avantage certain sur ce dossier ».

Ainsi, les acteurs conviennent qu’il faut une coopération pour une lutte efficace contre le terrorisme. Pour y parvenir, il faudra se focaliser sur des stratégies de contre-communication pour contrer des réseaux terroristes très en phase avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Selon Doudou Dia, directeur exécutif de Gorée Institute, l’établissement d’une relation personnelle avec le public ciblé est un élément essentiel dans la stratégie de communication des djihadistes. « Si la couverture médiatique du terrorisme et de l’extrémisme violent s’est intensifiée au point de devenir une sorte de muse pour les rédactions, elle n’est pas sans incidence sur la gouvernance sécuritaire de nos pays », a-t-il ajouté. Le directeur exécutif de Gorée Institute appelle ainsi les acteurs à examiner les nombreux défis professionnels et des dilemmes éthiques relatifs à la couverture médiatique des actes terroristes devenus de casse-têtes pour la sécurité des Etats. « De même, indique M. Dia, cette hypermédiatisation qui a quasiment phagocyté la communication institutionnelle classique, contribue à la banalisation de la violence et du crime, en accentuant la tendance au sensationnalisme, mais surtout en suscitant la méfiance, la suspicion et la peur généralisée ». Le Dr Abdourahmane Dieng, chef de la division sécurité régionale de la Commission de la CEDEAO, parle de triangulation entre notamment Etats, médias et djihadistes. « Les terroristes cherchent leurs audiences pour exister. Ils s’érigent en véritables communicateurs indépendants, utilisant leurs propres moyens pour atteindre les médias », a-t-il dit. Mais là, à l’en croire, la solution semble difficile pour limiter les terroristes à l’accès des médias.

En tout cas, les médias restent indispensables pour fournir des informations vérifiables et des opinions éclairées. Ils jouent un rôle fondamental ne souffrant d’aucune contestation et les citoyens attendent d’eux des informations plus complètes sans verser dans l’emballement et le sensationnel. D’où leur responsabilité qui est interpellée à tous les niveaux du terrorisme.

Source: Le soleil

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