Saturday, 17.08.2024 - Ouagadougou – Burkina Faso

Journée de réflexion sur les défis de la participation des jeunes à la paix et à la stabilité au Burkina Faso

Le 17 Août 2024 s’est tenue à Ouagadougou (Burkina Faso), une « Journée de réflexion sur les défis de la participation des jeunes à la paix et à la stabilité au Burkina Faso » organisée par l’Institut du Genre et du Leadership Féminin (IGLF) avec l’appui du bureau Paix et Sécurité centre de Compétence Afrique Subsaharienne de la Friedrich Ebert Stiftung (FES PSCC) Dakar. Cette activité qui entre dans le cadre du projet « Jeunesse engagée pour la stabilité du Sahel » initié par FES PSCC depuis 2022 regroupait des acteurs étatiques, des acteurs d’organisations de la société civile (OSC), des représentants de médias, des enseignants-chercheurs, des représentants d’organisations estudiantines et des mouvements de jeunes. Cette journée visait à renforcer l’engagement des jeunes dans les initiatives de paix et de sécurité au Burkina Faso.

La région sahélienne est confrontée depuis plus d’une décennie à une insécurité croissante due à la menace terroriste, aux conflits intercommunautaires, et à la criminalité transnationale. Le Burkina Faso est l’un de ces Etats du Sahel qui connait ces multiples et complexes défis sécuritaires. L’instabilité qui en résulte présente des répercussions graves sur la population, notamment sur la jeunesse, qui représente une part importante de la population et qui est particulièrement vulnérable aux recrutements par des groupes extrémistes. Dans ce contexte, cette frange de la population est souvent exposée à l’exclusion sociale parce que considérée comme un fardeau ou un problème. Malgré les nombreux mécanismes régionaux et internationaux sur la participation des jeunes aux efforts de paix force est de constater que cette catégorie d’acteurs non négligeables est souvent reléguée au second plan et très peu impliquée aux processus de paix pour promouvoir une stabilité et une sécurité durables au Sahel et dans la région Ouest-Africaine.

La participation des jeunes à la promotion de la paix et à la stabilité est pourtant cruciale pour l'avenir du Burkina Faso. Mais, plusieurs obstacles entravent cette participation effective. Ces obstacles incluent le manque d'opportunités économiques, l'accès limité à une éducation de qualité, la marginalisation politique, et un sentiment de désillusion par rapport aux perspectives d'avenir. Pour surmonter ces défis, il est impératif de créer un espace de réflexion et de dialogue inclusif où les jeunes peuvent développer des solutions efficaces et durables à ce problème.

D’où l’organisation d’une « Journée de réflexion sur les défis de la participation des jeunes à la paix et à la stabilité au Burkina Faso » avec l’appui du bureau FES PSCC à travers son projet « Jeunesse engagée pour une stabilité au Sahel ». Une telle activité organisée par des jeunes membres dudit projet a pour objectif principal d’offrir aux jeunes Burkinabè un forum de discussions, de partage et d’échanges pour encourager leur meilleure implication aux processus de paix, renforcer leur engagement dans les initiatives de cohésion sociale et de stabilité et pouvoir jouer un rôle actif dans la définition des stratégies futures.

En comprenant mieux ces défis, il sera possible de développer des solutions adaptées et efficaces, telles que des programmes d'éducation, des opportunités d'emploi, et des mécanismes de participation politique. Cette initiative peut contribuer de manière significative à renforcer la résilience communautaire, à promouvoir l'inclusion sociale et à bâtir un avenir pacifique et prospère pour tous les Burkinabè.

La journée qui a été animée par Maître Ali TRAORE, Avocat de profession et Président du Groupe de Recherche-Action sur la Sécurité Humaine (GRASH), Docteur Kassem SOURWEMA, Enseignant chercheur en Science Politique à l’Université Thomas SANKARA et Directeur de la formation au Centre national d’études stratégiques (CNES), Docteur YARABATIOULA, Sociologue et Directeur Général de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) a été l’occasion d’analyser et d’identifier les défis à la participation optimale des jeunes dans initiatives de paix et de sécurité ; de mettre en lumière les bonnes pratiques et expériences des jeunes dans les questions de paix et de sécurité et de proposer pistes d’action ou passerelles pouvant pour une meilleure implication et intégration des jeunes à tous les niveaux dans les processus de paix.

Les travaux de la journée de réflexion ont essentiellement porté sur trois thématiques actuelles aux impacts négatifs sur la participation et la prise en compte de la jeunesse dans les processus de paix au Burkina Faso :

  • Jeunes et désinformation et mésinformations : esquisses pour une paix et stabilité sociale.
  • Jeunes et engagement politique : défis et perspectives.
  • Jeunes et conflits : techniques de prévention des conflits et de médiation communautaire.

Les échanges, débats, partages d’expérience ont relevé de manière unanime la désinformation, le manque d’engagement politique de la part de la jeunesse, les problèmes de gestion des conflits et crises sécuritaires comme principaux défis à l’engagement des jeunes en faveur de la paix au Burkina Faso. A cela s'ajoute des défis propres aux jeunes: leur manque d’intérêt, leur faible culture politique, leur manque de confiance en la classe politique, l’absence de conviction sur la capacité des jeunes à changer positivement les choses, etc.

La désinformation, a été identifiée comme un mal qui gangrène la jeunesse burkinabè. Dans ce cas « Comment utiliser l’information pour bâtir la paix et à la stabilité, plutôt que de l’utiliser à des fins de compromission de la paix et de la stabilité sociale? ». A cette question, il est nécessaire, voire capitale « d’agir ensemble pour une information fiable et une paix durable ». Ainsi, toutes les parties prenantes doivent être impliquées afin de réduire l’impact de la désinformation. « C’est un devoir pour nous en tant que Burkinabè de participer à la construction de notre pays », ont souligné les jeunes participants. La jeunesse à travers les OSC et autres organisations doit jouer sa partition pour le retour de la paix et de la cohésion sociale aux côtés de l’Etat. Et pour cela, elle se doit d’être bien informée afin de mieux décider. Les participants sont convaincus qu’une « bonne culture politique » pourrait contribuer à renforcer l’engagement des jeunes dans les initiatives de consolidation de la paix et se sont engagés à sensibiliser les jeunes pour un meilleur engagement au profit de la cause commune.

La journée de réflexion a permis de faire le tour des obstacles à l’engagement politiques des jeunes et à leurs capacités à participer activement à la paix et à la stabilité du pays. Ces obstacles ont trait d’abord aux instruments juridiques régissant l’implication de la justice dans les questions politiques. S’ils limitent l’âge de la jeunesse à 35 ans, les participants ont reconnu qu’à cet âge il est difficile de se réaliser et s’engager pleinement dans la politique. En outre, un certain nombre de stéréotypes qui limitent leur participation politique. En effet, il est ressorti que les jeunes n’ont pas toujours eu le droit à la parole et qu’ils sont souvent invités à titre symbolique. L’engagement politique des jeunes, qui devrait se manifester vis-à-vis de leur communauté et partant du pays tout entier est aussi un droit constitutionnellement reconnu (Article 12 de la Constitution Burkinabè qui dispose « Tous les Burkinabés sans distinction aucune ont le droit de participer à la gestion des affaires de l'Etat et de la société… » La valeur constitutionnelle de ce droit donne à la jeunesse une opportunité certaine afin de permettre leur participation individuelle ou collective, directe ou indirecte à travers la citoyenneté.

A l’issue de l’atelier, les participants ont accepté de se constituer en pool de jeunes acteurs de paix. Ils souhaitent une consolidation du pool à travers le renforcement de leur capacité en politique, en prévention des conflits et médiation communautaire afin d’être des ambassadeurs de paix. Ils s’engagent par la suite à changer les perceptions autour des jeunes en faisant d’eux une solution au lieu d’être vue comme un problème. Pour ce faire, ils souhaitent préalablement diagnostiquer les cadres juridiques défavorisant l’implication des jeunes en vue de faire des plaidoyers pour leur relecture.

Un certain nombre de recommandations sont déclinées dans une feuille de route sous forme de plan d’actions des jeunes pour prévenir les atteintes à la paix et la stabilité du pays et consolider la cohésion sociale. Convaincus que la mise en oeuvre de cette feuille de route permettra de stimuler la participation des jeunes et des femmes dans les initiatives de paix et boostera l’égalité et l’inclusion sociale, les jeunes souhaitent un accompagnement pour son effectivité.

Friedrich-Ebert-Stiftung
Paix et Sécurité Centre de Compétence Afrique Subsaharienne

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